dimanche 28 avril 2013

IL était une fois les footballeurs de la Révolution...

*Octobre 2001, dans les jardins d'un hôtel de Bamako, une réception est organisée en l’honneur d’Ahmed Ben Bella. J’y étais. Hervé Bourges qui fut son secrétaire, me présente. "Oui, s'exclame-t-il, je le connais! C'est lui qui a écrit l'histoire de l'équipe du FLN. C'est lui qui la connaît le mieux!" Puis s'adressant à son épouse : " Zohra, prends ses coordonnées, on est appelé à se revoir." S'en suivit une longue discussion à bâtons rompus sur l'état du foot algérien, le Brésil, la Coupe du monde....Une soirée mémorable.
Je ne verrai plus Ahmed Ben Bella. Il n'était pas présent au cinquantenaire de l'équipe du FLN, en avril 2008 à Alger.
Il a tiré sa révérence à 96 ans, le 11 avril 2012.
Et je n’ai jamais eu l’occasion de réaliser un rêve : rédiger un ouvrage sur l’équipe du FLN en mettant en relief sa dimension universelle.
 FM



En 1958, la guerre froide bat son plein et l’Algérie sombre dans la violence. La Suède, nation neutre, organise la 6e Coupe du monde de football. La France, qui s’est qualifiée aux dépens de la Belgique et de l’Irlande, se prépare avec sérieux. Le 9 avril, Paul Nicolas, le patron des Tricolores, rend publique une liste de 40 joueurs présélectionnés pour la phase finale du Varlds Masters Kapet. Y figurent le meilleur demi-centre opérant dans le championnat de France, Mustapha Zitouni, et le remarquable intérieur de pointe de l’AS Saint-Étienne, Rachid Mekhloufi. Zitouni est partant pour la Suède, et est désigné pour assurer la succession de Robert Jonquet face à la Suisse, le 16 avril, au Parc des Princes, à Paris.
 
Le 13 avril, Zitouni se déplace à Nice, où son club, l’AS Monaco, affronte Angers. Le même jour, Mekhloufi, qui est sous les drapeaux, se blesse dans un choc avec son coéquipier Eugène Njo Léa au cours du match Saint-Étienne– Béziers. Il est hospitalisé. Le lendemain, une dépêche de l’Agence France-Presse annonce: « Cinq joueurs musulmans algériens ont quitté clandestinement la France. Ils sont arrivés hier à Tunis, via Rome, et ont été reçus par un haut responsable du FLN.»
 
Le 15, le Front de libération nationale (FLN) communique: « Des sportifs professionnels algériens viennent de quitter la France pour répondre à l’appel de l’Algérie combattante. Cinq footballeurs sélectionnés sont arrivés à Tunis. Il s’agit des frères Abdelaziz Bentifour (international A et B, Monaco), Abderrahmane Boubekeur (international militaire et B, Monaco), Mustapha Zitouni (international A, Monaco), Kaddour Bekhloufi (Monaco) et Ammar Rouai (SCO Angers). […] Au moment où la France faisait à leur peuple et à leur patrie une guerre sans merci, ils se refusaient d’apporter au sport français un concours dont l’importance est universellement reconnue. […] Comme tous les Algériens, ils ont eu à souffrir du climat raciste, anti-Nord-Africain et anti-musulman qui s’est rapidement développé en France au point de s’installer dans les stades. En patriotes conséquents, plaçant l’indépendance de leur patrie au-dessus de tout, nos footballeurs ont tenu à donner à la jeunesse d’Algérie une preuve de courage, de droiture et de désintéressement. Le FLN envisage de créer une Fédération nationale algérienne qui demandera son adhésion à la Fédération internationale de football association (Fifa) en vue de participer aux compétitions internationales et à la prochaine Coupe du monde. »
 
Cinq autres vedettes du championnat de France débarquent à Tunis le 17, où l’on fête le 27e jour du mois de ramadan et célèbre la Nuit du destin. Outre Rachid Mekhloufi, il y a Saïd Brahimi et Abderrahmane Bouchouk (Toulouse), Abdelhamid Kermali (Lyon) et Mokhtar Arribi (Sète). L’opération a été mise au point et coordonnée par l’ancien joueur du Mans, Mohamed Boumezrag, alias « Boum ». Le onzième « disparu », Hassen Chabri (AS Monaco), est intercepté à la frontière franco-italienne.



 
Tunis, terre d’accueil
 
 
 
Les envoyés spéciaux affluent à Tunis et assiègent l’hôtel Majestic, situé avenue de la Liberté. « Nous ne sommes ni escrocs, ni voleurs, ni anti-Français », leur déclare Bentifour. À un journaliste de L’Équipe, Zitouni demande: « Si ton pays était en guerre et qu’il t’appelait, qu’est-ce que tu ferais ? » Me Ahmed Boumendjel, membre du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) et directeur du journal El-Moudjahid -installé à l’époque à Tunis –, annonce que « ces footballeurs continueront à jouer. Nous projetons une tournée dans les pays arabes en attendant qu’ils constituent l’équipe nationale algérienne ». L’hebdomadaire tunisien l’Action salue l’arrivée à Tunis de ces « Algériens qui ont changé de camp et qui vont participer à leur manière au combat pour la paix et la dignité ». Le 24 avril, il les reçoit dans ses locaux et son rédacteur en chef, Mohamed Ben Smaïl, lance un appel : « Faites jouer les Algériens ! »



Les premiers pas
 
  Le Dr Chedli Zouiten, président de la Fédération tunisienne de football (FTF), n’y sera pas insensible. De fait, le Comité algérien de la Jeunesse et des Sports et l’hebdomadaire tunisois, Le Sport mettent sur pied, pour le 3 mai, un match entre l’équipe du FLN et l’Entente tunisienne (la sélection de Tunisie) au « profit des réfugiés algériens ». Devant 8000 spectateurs, au stade municipal de Tunis, l’équipe du FLN – qui a récupéré un onzième joueur algérien d’origine, Hamadi Khaldi – écrase ses hôtes 5-1. Un festival signé Brahimi (2 buts),Bouchouk, Mekhloufi et Rouai. Les organisateurs s’associent aux journaux L’Action et Al Amal pour lancer, les 9 et 11 mai, un tournoi avec la participation des sélections nationales d’Algérie, de Libye, du Maroc et de Tunisie. Le 7 mai, depuis Zurich, la Fifa, saisie par la Fédération française (FFF), réagit. Elle s’oppose à toute qualification des joueurs « français musulmans d’origine algérienne » en rupture de contrat, et interdit à tous ses membres de « jouer, sous n’importe quelle forme, contre des équipes comprenant les joueurs suspendus (à savoir Boubekeur, Bentifour, Zitouni, Rouai, Kermali, Mekhloufi, Brahimi et Bouchouk) ».

Cet oukase n’empêche pas la tenue du premier – et dernier – tournoi maghrébin de l’Histoire, doté du trophée Jamila Bouhired. Le coup d’envoi est donné le 9 mai au stade municipal de Tunis devant 8000 spectateurs, dont de nombreux réfugiés algériens. La Tunisie surclasse la Libye : 4-1. L’hymne Qassaman retentit alors que flotte le drapeau vert, blanc et rouge pour le match Algérie – Maroc. Entre les deux formations maghrébines, la bataille est musclée. Brahimi, Mekhloufi et Rouai sont malmenés par des adversaires impitoyables. À la pause, les officiels des deux équipes interviennent et donnent des consignes pour que l’empoignade ne dégénère pas en bagarre. Kermali et Bentifour répondent à Khalfi et donnent la victoire à l’équipe du FLN (2-1). Le match n’est pas terminé que l’on apprend le décès du maire de Tunis, Ali Belhaouane, dont les obsèques sont, le lendemain, suivies par une grande foule avec, en tête du cortège, Habib Bourguiba, Ferhat Abbas et Mehdi Ben Barka. Le 11 mai, le tournoi reprend. Alors que le Maroc bat la Libye (2-1), l’Algérie effectue une brillante démonstration de jeu offensif face à la Tunisie qu’elle surclasse: 5-1! Quatre jours plus tard, Bentifour et ses frères écrasent, à Sfax, une sélection Centre-Sud : 7-1 ! Et le 24 mai, ils donnent le coup de grâce à l’Union sportive tunisienne (UST) par 7 buts à 0, avant de s’envoler pour une tournée en Libye (où ils se produiront à plusieurs reprises de 1958 à 1961).


Quand la Fifa met le holà
 
 
Le 3 juin, à Stockholm, le comité exécutif de la Fifa recommande l’annulation de l’affiliation provisoire des fédérations du Maroc et de la Tunisie, et l’interdiction de tout match avec ces deux pays. Le congrès ne suit pas. Au mois de novembre, les footballeurs algériens entreprennent une tournée de trois semaines au Maroc. Ils se produisent à Fès, Oujda, Casablanca (où les accueille la « Perle noire », Larbi Ben Barek), Rabat et Marrakech. Mais, cette fois, le comité d’urgence de la Fifa ne transige pas : le 3 décembre, il annule l’affiliation de la Fédération royale marocaine de football (FRMF). Le vice-président Valeri Granatkine (URSS) sera le seul à contester la sanction. Les dirigeants sportifs marocains réagissent. Ils tentent d’infléchir la FFF – qui reste intransigeante – et la Fifa.
 
 Le 30 janvier 1959, une délégation comprenant El-Hadj Mohamed Benjelloun, représentant du comité supérieur des Sports, le Dr Omar Boucetta, président de la FRMF, et son secrétaire général, Ahmed Antifit, est reçue à Zurich. La FRMF reconnaît qu’elle a « commis une grave faute ». Le Dr Boucetta ajoute que « la FRMF avait offert 1 million de francs pour que l’équipe algérienne ne vienne pas disputer de matchs au Maroc, mais que le gouvernement a fait pression et l’a obligée à envoyer une équipe au tournoi de Tunis ». Le ministre Abdelkrim Benjelloun s’engage à ne plus accueillir l’équipe du FLN et sollicite à son tour la levée de la sanction. Celle-ci ne sera effective que le 26 avril. De son côté, la FTF organise, le 3 octobre, au stade municipal de Tunis, une ultime rencontre Tunisie – équipe du FLN (0-8). Le 22 août 1960, le congrès de la Fifa, réuni à Rome, accorde l’affiliation définitive à la FRMF et à la FTF.
 
L’interdit prononcé par la Fifa fait reculer les fédérations d’Égypte et de Syrie, les seules du Moyen-Orient à refuser de recevoir l’équipe du FLN. Quant à la Confédération africaine de football (CAF), elle choisit d’ignorer le FLN, son président, le général Abdelaziz Mostafa, se montrant soucieux de sauvegarder son siège au sein du comité exécutif de la Fifa. Les pays d’Europe de l’Est (Bulgarie, Hongrie, Roumanie, Pologne, Tchécoslovaquie, URSS et Yougoslavie), la Chine populaire et le Vietnam contournent l’embargo et accueillent à deux reprises les footballeurs algériens (en 1959 puis en 1961) qui, en 1961, sont 32.




L’INÉGALÉ «STYLE À L’ALGÉRIENNE»
 
 
 
De mai 1958 à décembre 1961, 83 matchs seront disputés : un bilan (57 victoires, 14 nuls, 12 défaites) qu’aucune équipe africaine n’a égalé. Les troupes de « Boum » ont choisi au plan sportif la manière élégante de conquérir les foules : l’offensive débridée. « Notre équipe, raconte Mekhloufi, évoluait sans contrainte tactique. Nous nous retrouvions souvent six ou sept en attaque. On jouait d’instinct et on savait conjuguer l’exploit individuel et la construction collective. De la subtilité, de l’improvisation, des dribbles, des feintes, des ballons qui circulent en passes courtes et précises, et des ailiers qui débordent… Un style à l’algérienne. Mais aussi, occasionnellement, du répondant physique quand l’adversaire voulait nous intimider. »
 
Du spectacle, des buts à la pelle (349!) et une addition exceptionnelle de talents tels l’impressionnant goal claudicant Boubekeur, l’impérial demi-centre Zitouni, le métronome Arribi, l’astucieux Bentifour, l’irrésistible Mekhloufi, l’insaisissable Kermali ou le percutant buteur Brahimi. Durant trois ans etdemi, ces « footballeurs de la nuit », bien que suspendus par la Fifa, ont réussi à former une équipe de haut niveau international dont les exploits restent encore, cinquante cinq après, méconnus, même en Algérie. À l’époque, la télévision n’était que balbutiante et les images filmées des rencontres disputées par l’équipe du FLN sont extrêmement rares.
 
Le 18 mars 1962, les accords d’Évian sont signés. L’indépendance de l’Algérie pointe. Trois mois plus tard, à Tunis, Ahmed Ben Bella, l’un des chefs historiques du FLN, reçoit tous les footballeurs de la Révolution. Il les remercie pour leur participation à la lutte nationale et leur assure que le futur État algérien ne les oubliera pas. Puis, c’est la séparation. Les 32 choisissent des routes différentes. La plupart attendent l’indépendance, officialisée le 5 juillet, pour rentrer en Algérie. Les plus jeunes comme Mekhloufi, Rouai, les frères Soukhane, Amara, Kerroum, Oudjani et Bouchache Hocine repartent en France reprendre une carrière professionnelle. Ils connaîtront des fortunes diverses. L’équipe du FLN, devenue sélection nationale, est réunie à plusieurs reprises. Elle donne à l’Algérie indépendante ses premiers succès internationaux. Le 28 février 1963, la Tchécoslovaquie est battue (4-0), le 1er janvier 1964 c’est l’Allemagne fédérale (2-0) et, le 4 novembre, l’URSS est tenue en respect (2-2). Mais le 18 juin 1965, à Oran, le Brésil, double champion du monde, ne lui fait pas de cadeau: 3-0.
 
Cinquante cinq ans se sont écoulés depuis la fameuse Nuit du destin. Les héros du football algérien ont depuis longtemps pris leur retraite. Le 14 avril 1988, à Alger, au stade du 5-Juillet, ils ont chaussé pour la dernière fois les crampons et célébré, balle au pied, face à leurs frères tunisiens et libyens et en présence du prestigieux Larbi Ben Barek, le 30e anniversaire de l’équipe du FLN.
 
Cinquante cinq ans après ,« Boum », « Big Ben » Tifour, Maazouza, Haddad, Arribi, Ibrir, Bouchache, Chabri, Boubekeur, Brahimi et Bouchouk ne sont plus là. Mais leurs frères d’armes ne les ont pas oubliés. « J’éprouvais, affirmait en novembre 1972 feu Eugène Njo Léa, une grande fierté et un immense bonheur à l’idée que le sacrifice de ces joueurs d’exception – comme celui de milliers d’autres jeunes Algériens – n’avait pas été inutile. » ■
 



FAOUZI MAHJOUB

vendredi 1 mars 2013

La CAN de l'ennui

Le spectacle et le panache ont boudé la 29è Coupe d’Afrique des nations marquée par un nivellement des valeurs. Pendant les retransmissions télévisées de la 29ème coupe d'Afrique des nations, la caméra à, à maintes reprises, balayé la tribune officielle des méga-stades sud-africains souvent aux trois-quarts vides. Elle a surpris Issa Hayatou, le président de la CAF, affalé dans le fauteuil et entouré de sa cour, piquer du nez et s’endormir. Que n'a-t-il pas eu raison : le spectacle offert par la majorité des 16 finalistes, a souvent engendré de l'ennui. À preuve, les soporifiques matchs Maroc-Cap-Vert, Angola-Maroc, Mali-Niger, Congo-Niger, Ghana-Mali, Burkina Faso-Zambie, le quart de final Burkina Faso-Togo et la demi-finale Ghana-Burkina … Ballon carré Au hit-parade du football-repoussoir, les Etalons burkinabés ont surclassé leurs rivaux. Vous lancez un ballon rond dans les pattes des Etalons, pour peu que la pelouse soit bosselée, chauve et ensablée comme celle du stade de Nelspruit, ils le piétinent et vous le renvoient... carré! Dans cet exercice, se détache un malabar au cou de girafe et au crâne planté d'épis dorés : Aristide Bancé. Cet "attaquant" n'est pas maladroit pour contrôler le cuir du… tibia, adresser des services tordus et botter dans les virages. Professionnel à Augsbourg en Allemagne, Bancé doit être un sujet de curiosité pour les fans du club. Certains Etalons ont, d'autre part affiché un trop-plein de morgue et peu de fair-play, à l'image des deux "vedettes" de l'équipe, le défenseur Bakary Koné et le milieu Charles Kaboré (un spécialiste du tacle à retardement). Tous deux sont des professionnels surcotés en France. L'entraîneur belge Paul Put (cela ne s'invente pas!) traîne, pour sa part, une casserole. En 2005, il a été impliqué dans une affaire de trafic de match en liaison avec un maffioso chinois. Il avait alors écopé de trois ans de suspension. En 2007, il est parti "exercer" en Gambie d'où il a rejoint en 2012, le Burkina. Les Etalons comptent toutefois deux authentiques talents, les attaquants Alain Traoré (blessé face à la Zambie) et Jonathan Pitroipa (exclu en demi-finale puis autorisé à disputer la finale par Hayatou après que l'arbitre tunisien Djedidi eût reconnu s'être trompé!). Oubliée la culture du jeu L’absence à cette 29ème CAN de l’Egypte (champion en 2006, 2008 et 2010) et du Cameroun (vainqueur en 2000 et 2002), la qualification de l’Ethiopie, du Cap-Vert et du Niger, le parcours du Burkina Faso, l’élimination de la Côte-d’Ivoire et de l’Afrique du Sud en quarts de finale, du Ghana en demi-finale, le fiasco des équipes maghrébines témoignent d’un incontestable nivellement des valeurs par … le bas. Les écarts entre les équipes se sont rétrécis, la hiérarchie est bousculée. En 2012, la 28ème CAN s’était déroulé sans l’Egypte, le Cameroun, le Nigeria, l’Afrique du sud et l’Algérie. Elle s’était achevée par la victoire de la Zambie. Laquelle, cette fois-ci, n’a pas franchi le premier tour, concédant même un résultat paritaire à l’Ethiopie qui revenait dans la compétition après 32 ans d’absence. Le recul des équipes de l'élite s'explique par l'abandon de toute culture du jeu. Culture qui a permis au Black Star du Ghana de remporter, de 1963 à 1982, quatre Coupes des nations, aux Lions indomptables du Cameroun de disputer, en 1982 et 1990, la Coupe du monde et de gagner le titre continental en 1984 et 1988, à l'Égypte d'accéder au tournoi final du Mondiale 90 et d'être sacrée championne d'Afrique en 1998, 2006, 2008 et 2010, à l'Algérie de participer aux Mundial 1982 et 1986, et de remporter le CAN en 1990, aux Super Eagles du Nigéria de disputer la Coupe du monde en 1994, 1998 et 20002, de décrocher la médaille d'or des Jeux d'Atlanta en 1996 et d'être couronnés champions d'Afrique en 1980 et 1994. Malheureusement, le recours massif et désordonné aux "sorciers blancs" a eu pour conséquence de pervertir la culture du jeu de chacune de ces nations de football et de désorienter leurs joueurs. La culture importée a réduit les écarts : tout le monde utilise la même tactique, les mêmes ingrédients en privilégiant la concurrence physique aux dépens de l'habileté technique et de la création. Ainsi l'équipe du Niger qui n'avait rien à ennuyer, au plan physique, à ses adversaires. Le Maghreb fait son marché La sortie de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie a été logique. Depuis 1990, l’Algérie ne joue plus les premiers rôles dans la CAN. Depuis aussi l’arrivée en 2001 à la tête de la Fédération de Mohamed Raouraoua, le football algérien n’a gagné aucun titre continental, il a seulement arraché un ticket pour le Mondial sud-africain où il n’a pas brillé : zéro but en trois matchs. Négligeant toute politique de formation qui aurait pu permettre la constitution d’une sélection nationale de valeur, M. Raouraoua s’est contenté de faire son marché dans l’Hexagone où il a battu le rappel de tous les joueurs d’origine algérienne dont ne voulait pas l’équipe de France. Ces recrues, fières de porter les couleurs de l’Algérie, ont été formées et formatées par l’école française d’où un « style » qui a peu de rapport avec le football à l’algérienne des Dahleb, Belloumi, Madjer, Ferguani et autres Assad. En 2012, le recrutement de l’entraîneur bosniaque Vahid Halilhodzic, un entraîneur fort en gueule, réaliste, et surtout aux idées courtes, acheva de dépersonnaliser l’équipe d’Algérie. Le Maroc a aussi emprunté la même voie : l’appel aux joueurs français d’origine marocaine. Lui aussi n’a récupéré que des seconds couteaux. Après le limogeage du Belge Eric Gerets en 2012, le local Rachid Taoussi a été promu à la tête de la sélection Celle-ci n’a trouvé ni cohésion et ni esprit offensif. Les gesticulations de Taoussi et son discours, tout en langue de bois, n’ont rien réglé. Depuis 2004, le Maroc court après une place d’honneur dans la CAN. Il ne l’a pas obtenue en Afrique du Sud où il n’a pas remporté de victoire. L’équipe de Tunisie dirigée par Sami Trabelsi a encore une fois montré ses limites. Elle aborde les matchs avant tout pour ne pas perdre et ne se résout à attaquer, que contrainte et forcée. Elle ne manque pas d’arguments techniques mais lui fait défaut une révolution tactique. On ne peut pas remporter la CAN sans prendre des risques offensifs. Drogba le fossoyeur Les Eléphants de Côte-d’Ivoire ont enregistré leur cinquième échec consécutif en Coupe d’Afrique des nations. En 2002, Jean-Marc Guillou avait légué à la sélection un groupe de joueurs talentueux qu’il avait formés à son académie d’Abidjan. Des footballeurs qui balle au pied, parlaient le même langage, avaient en commun le goût du spectacle offensif et partageaient les mêmes automatismes collectifs. Le président de la Fédération ivoirienne Jacques Anouma, ne reconnait pas le mérite de Guillou. Il recrute de 2006 à 2010 des entraîneurs qui vont « casser » le jeu des Académiciens en s’appuyant sur … Didier Drogba. Celui-ci va faire preuve d’un égoïsme démesuré et tirer la couverture à lui. Aucun entraîneur n’ose le « recadrer ». Conséquences : au fil des années, l’équipe ivoirienne se désagrège et son style chatoyant se dissout. Les successeurs d’Anouma, commettent les mêmes erreurs, et engrangent les échecs. Les Académiciens, désormais plus accaparés par les impératifs de leur carrière professionnelle, semblent moins motivés pour tenter d’imposer un retour aux sources. Beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui trentenaires, Drogba n’est plus qu’un retraité qui fait des piges, autant dire que l’avenir de la sélection ivoirienne ne s’annonce pas brillant : la relève de qualité n’est pas là. Le mérite de Keshi Les Super Eagles du Nigéria courent depuis la CAN 1994 après une consécration continentale. Les dirigeants nigérians ont multiplié les expériences avec les entraîneurs européens. En vain. La richesse de l'effectif composé exclusivement de professionnels expatriés n'a pas été bien exploitée par des techniciens convertis au réalisme. En désespoir de cause et à la suite de l'élimination peu glorieuse de la CAN 2012, la NFA (Nigeria Football Association) s'est décidé à confier la sélection à son capitaine des années 1994-1996, l'ancien défenseur Stephen Keshi, celui-là même qui avait, en 2005, qualifié les Eperviers du Togo pour le Mondial 2006. Keshi, c'est d'abord la proximité avec les joueurs. Ajoutez-y des idées frappées du bon sens et une stratégie de conquête. La sélection est rajeunie avec de nouveaux talents comme Elderson Echiejle, Eric Ambrose, Ideye Brown, Uche Ikechukwu, Eddy Onazi, Sunday Mba, Ahmed Musa et autre Kenneth Omeruo. Tous encadrés par deux vedettes de Chelsea, Angleterre, Obi Mikel et Victor Moses Après des débuts laborieux face au Burkina Faso et à la Zambie, le collectif nigérian a trouvé le bon rythme. Les Super Eagles ont dompté, haut la main, les Eléphants de Côte d'Ivoire (2-1) puis les Aigles du Mali (4-1). Ils ont, en finale, évité les ruades des Etalons du Burkina et assuré une victoire courte mais méritée. Ils ont joué au ballon. Sans calcul. Ils représenteront, en décembre, au Brésil, l'Afrique, à la Coupe des Confédérations Faouzi Mahjoub ,Afrique-Asie mars 2013